Le monstre caché de l’Halloween : un conte de costumes, de citrouilles et de déchets

Tout commence comme à bien des soirs d’octobre.

Les nuits s’allongent, le vent se fait plus vif et la terre laisse échapper un souffle froid.
Des lanternes sculptées dans des citrouilles brillent à l’entrée des maisons, leurs sourires tordus tenant l’obscurité à distance.

Les enfants parcourent les rues, masqués et costumés, leurs taies d’oreiller qui s’alourdissent de bonbons.

Mais pendant que la fête bat son plein, autre chose prend forme.

Ça ne fait aucun bruit.
Ça ne projette aucune ombre.

Ça attend au bord de la nuit, gonflant à chaque pas, à chaque emballage jeté, à chaque costume abandonné.

Au matin, quand les lanternes s’éteignent et que les rues retombent dans le silence, il reste encore là.

Ce n’est pas un fantôme, ni un monstre, mais quelque chose de plus lourd, de plus difficile à ignorer.

Ça entre dans les maisons, dans les écoles, dans les bureaux et grossit un peu plus chaque année.

Son nom? Les déchets.

Le premier visage est couvert de paillettes et de polyester : les costumes. Chaque mois d’octobre, on dépense collectivement des milliards de dollars en Amérique du Nord pour des costumes et des décorations pensés pour une seule soirée. Plus de 80 % des costumes sont faits de plastiques non recyclables, et une bonne partie finit à la poubelle après une seule utilisation. Au Royaume-Uni seulement, on estime à environ sept millions le nombre de costumes jetés chaque année. Cette frénésie d’achats de dernière minute a transformé l’Halloween en une fête de la mode jetable. La vraie peur se révèle le lendemain, quand placards et sites d’enfouissement absorbent ce qui reste.

Puis viennent les citrouilles. Au Canada, on en cultive près de 80 000 tonnes chaque année, utilisées surtout comme décorations de perrons. Une fois les chandelles éteintes, des milliers de citrouilles se retrouvent dans les ordures et finissent à l’enfouissement, où elles dégagent du méthane, un gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le dioxyde de carbone. À Fredericton, on a déjà calculé que les citrouilles représentaient près de 9 % des déchets résidentiels à l’automne. Pourtant, la solution est simple : les composter, griller les graines, les cuisiner en potage ou en tarte, ou encore les transformer en jardinières. Jetée aux poubelles, une citrouille devient un potentiel perdu.

Et il y a les emballages de bonbons. Petits, brillants, omniprésents, ils s’accumulent sur les trottoirs et remplissent les bacs à millions. Composés de couches de plastique et de papier métallisé, ils sont presque impossibles à recycler dans les collectes régulières. Pris un à un, ils semblent insignifiants, mais multipliés par chaque foyer, ils deviennent l’un des déchets les plus visibles après l’Halloween. La solution? Acheter en vrac, privilégier les formats plus grands avec moins d’emballage et, quand c’est possible, déposer les emballages dans des programmes de récupération spéciaux.

Voilà les véritables hantises de l’Halloween : des costumes portés quelques heures qui s’éternisent dans les sites d’enfouissement, des citrouilles qui ne retournent jamais à la terre et des emballages qui scintillent bien après que le sucre ait disparu. La mode jetable, le gaspillage alimentaire et les déchets qui jonchent les rues sont les monstres qui se cachent derrière nos masques.

Mais comme dans tout vieux conte, il y a toujours une façon de ramener la lumière. Les costumes peuvent être échangés entre voisins, réinventés à partir de tissus qu’on a déjà ou encore loués. Les citrouilles peuvent être cuisinées, compostées ou données aux fermes, quand c’est permis. Les emballages, eux, peuvent être réduits, collectés séparément et, surtout, nous rappeler de faire de meilleurs choix l’année suivante.

Ainsi, l’histoire ne doit pas se terminer par des déchets. La vraie magie de l’Halloween n’est pas dans l’achat de nouveautés, mais dans l’enchantement qu’on crée à partir de ce qu’on emprunte, de ce qu’on recycle, de ce qu’on possède déjà. C’est là que réside le vrai pouvoir : dans l’art de réinventer ce qu’on a, de donner une deuxième vie aux objets et de raconter une histoire où le plaisir ne laisse pas derrière lui un sillage d’ordures.

Que les costumes trouvent une nouvelle vie, que les citrouilles retournent à la terre et que les célébrations nous rappellent que la créativité est le véritable esprit de l’Halloween. La magie se trouve dans la réutilisation, la transformation et l’imagination qu’on met dans ce que nous avons déjà.

En fin de compte, ce n’est pas le déchet qui définit la saison, mais bien l’imagination. Avec chaque échange ingénieux, chaque costume réutilisé, chaque citrouille à qui on donne une deuxième vie, l’Halloween devient plus qu’une simple soirée de plaisir. Elle devient une tradition de créativité qui rend le monde un peu plus magique qu’avant.

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